T2-2018: Sale temps pour les small caps

Variation comparée du portefeuille au cours du trimestre


Comme je le pressentais lors de mon dernier bilan trimestriel, ce T2 a été extrêmement difficile à gérer. Pour la première fois depuis le T3 2015, mon portefeuille affiche une perte, certes modeste de -0,4%. Seul lot de consolation, c’est mieux que l’indice CAC Small, en retrait de -1,1%. Le CAC40-NR lui affiche une forme insolente, et s’octroie une progression de 4,8% ! Cette belle performance s’explique aussi par les dividendes versés. Le CAC40 progresse lui de 3%.

C’est bien là tout le paradoxe de cette période qui s’installe depuis quelques mois : Les grandes capitalisations se maintiennent à des niveaux corrects, tandis que les petites et moyennes capitalisations souffrent. Les bonnes publications sont ignorées, tandis que la moindre déception provoque des glissades interminables jusqu’à -30%. Un vrai jeu de massacre ! J’y vois plusieurs explications :

  • Les plus petites capitalisations sont perçues comme plus risquées par les investisseurs, qui cherchent à se protéger, des tensions commerciales initiées par Trump, et du ralentissement anticipée de l’économie. L’augmentation des taux US rend le marché obligataire plus rémunérateur et moins risqué que le marché action.
  • Les plus petites capitalisations sont par nature moins liquides. Lorsque des fonds d’investissement se retirent, la baisse peut être très marquée car ils manipulent des milliards de $.
  • Le CAC40 a été tiré à la hausse ces derniers mois par les secteurs pétrolier et du luxe, qui ont largement surperformé le marché. Malheureusement mon portefeuille est peu exposé à ces valeurs.

Pour autant, les fondamentaux de ces sociétés n’ont pas changé pour la plupart. Cela pourrait venir si la guerre commerciale se précise et que les entreprises perdent confiance, puis renonce à investir. Nous ne sommes pas encore dans cette situation. Même si cela arrivait, je doute que les conséquences soient celle d’une récession économique brutale. D’ailleurs l’économie US tourne à plein régime, et pourrait afficher 4% de croissance cette année! Bref, j’y vois plutôt un épisode passager, qui appelle à la prudence, mais pas à un désengagement total des marchés.

L’échéance des mid-terms américains en novembre pourraient être un bon signal de rachat. En effet, on sait que Trump s’agite énormément pour remporter ces élections, et semble prêt à tout afin d’obtenir des « deals » pour son électorat. Passé ce moment, la raison et le calme pourrait enfin revenir. En tout cas je l’espère…

En conséquence, mon portefeuille a subi un recentrage vers des valeurs qui me semblent sûres à long terme, avec peu de positions spéculatives. Ce sont des valeurs aujourd’hui très décotées qui pourront rebondir le moment venu. Je garde un pourcentage important de liquidité, autour de 20%. L’extrême prudence de mise actuellement limite le nombre de transactions sur le portefeuille, ce qui a l’avantage de réduire mes frais de courtage (soyons positifs 🙂 )

 

Performance par valeur


Assez peu de mouvements dans le portefeuille par rapport au dernier bilan. La situation m’a incité à prendre mes bénéfices plus rapidement que prévu sur certaines valeurs, et quelques autres ont fait leur entrée.

  • CAMPINE que je vous ai présenté dans le dernier bilan, a enfin décollé. La plus-value est aujourd’hui de 20% mais le potentiel reste entier avec un PER 2018 aux alentours de 6, avec de belles perspectives et une situation financière saine.
  • WE.CONNECT a fait son entrée ce trimestre, grâce au message d’un lecteur que je remercie particulièrement. Il reste du potentiel chez ce distributeur de matériel informatique qui vient d’annoncer un nouvel accord commercial avec Lenovo.
  • J’ai pris des positions IDI et WALLIX GROUP à la faveur de bonnes publications, avec une prise de plus-value assez rapide.
  • Également un aller-retour sur , séduit par les perspectives de cette société menée par 3 grands noms de l’investissement, dont Xavier Niel. La décision s’est rapidement révélée payante, mais j’ai préféré solder ma ligne à cause du lourd endettement que nécessite la stratégie du groupe : La remontée des taux fait peser des charges de plus en plus lourdes sur les sociétés endettées, et le marché ne transige sur rien actuellement.
  • La glissade continue sur DERICHEBOURG depuis la publication semestrielle, un peu décevante. Le titre perd maintenant 45% depuis le sommet d’octobre 2017, ce qui illustre bien la sévérité sans pitié du marché actuellement. Pour autant je souhaite garder ce titre qui me parait de bonne qualité.
  • Le secteur automobile est à la peine en ce moment. Mes positions sur RENAULT, Plastivaloire et AKWEL sont toutes en retrait, malgré la sous-valorisation manifeste. Le manque de visibilité sur le commerce international est en cause. Récemment, une baisse des tarifs douaniers sur ce secteur a été évoquée, cette option ferait rebondir fortement ces valeurs.
  • Le secteur immobilier est également en difficulté avec la baisse des mises en chantier. Attention à ce secteur très cyclique. HEXAOM a fortement consolidé, je conserve toutefois car la société se diversifie et profite d’une position de leader sur son marché. CBO TERRITORIA, implanté à la Réunion, affiche encore de belles performances et un dividende important.
  • J’ai pris une position sur HOPSCOTCH GRP après la publication d’excellents résultats annuels. Le bénéfice a été multiplié par 2,8, ce qui valorise la société avec un PER de 7,9 seulement. De plus, le T1 affiche une hausse de 10% du chiffre d’affaire, ce qui préfigure une nouvelle année de croissance rentable.
  • Je suis revenu sur REWORLD MEDIA que j’ai tradé tout au long de 2017. La position est actuellement en moins-value, le marché ayant fait plier le titre sur ses niveaux de 2016, alors que plusieurs acquisitions sont venues renforcer la société depuis. Folie du marché ou loup caché ? Je ne renforce pas ma (petite) ligne pour l’instant, et j’attends la prochaine publication.
  • De retour également sur COFIDUR. Certes le management fait tout pour faire fuir les investisseurs : Regroupement d’actions (300€ le titre), communication minimale. Serait-ce une stratégie pour faire baisser le titre et organiser un retrait de la côte à bon compte ? Une prime serait alors possible. De plus, la société se paye seulement 7,4 fois ses bénéfices 2017…

 

 

Le trimestre qui vient de débuter s’inscrit dans la stricte continuité du précédent : un CAC40 suspendu à ses sommets, pendant que le reste des valeurs souffrent… Il sera très intéressant d’observer la réaction des marchés lors des nombreuses publications à venir, et guetter le retour des acheteurs. En effet, ces baisses souvent sans volumes sont le signe d’une absence d’acheteurs plutôt que de réelles pressions vendeuses. Il faudra donc réagir rapidement au retour de « l’appétit pour le risque », qui pourrait bien créer de violents rebonds. Je suis dans les starting-blocks …

 





Avertissement règlementaire : Le contenu de cet article ne constitue en aucun cas une incitation à l’achat ou la vente.
Au 27/04/2024, parmi les sociétés citées dans cet article, l'auteur est actionnaire des sociétés suivantes : CAMPINE, WE.CONNECT, DERICHEBOURG, CBO TERRITORIA, REWORLD MEDIA,