T1 2018: De l’euphorie à la débacle

Variation comparée du portefeuille au cours du trimestre


L’année 2018 avait pourtant bien commencé. Tous les indicateurs économiques dans le vert, le monde entier profitait de la croissance, les 6000 points étaient de nouveau évoqués pour le CAC40, et, chose incroyable, le chômage était en baisse en France. Le portefeuille a profité de cette phase jusqu’à atteindre +6,8% en quelques semaines.

Mais le conte de fée n’allait pas durer. C’est d’ailleurs dans les moments d’euphorie générale qu’il faut se méfier le plus. Quelques gros nuages n’ont pas tarder à poindre à l’horizon :

  • Retour de l’inflation, par l’augmentation des salaires et du prix des matériaux.
  • Augmentation des taux d’intérêt.
  • Mesures protectionnistes et crainte de guerre commerciale.
  • Remise en cause du modèle économique des GAFA (protection des données), et crainte d’une réglementation plus sévère.
  • Tensions géopolitiques avec le bourbier syrien (où s’affrontent « quelques » puissances – Iran, Arabie Saoudite, USA, Turquie, Russie). Le risque de dérapage existe, mais pas sur la Syrie qui est déjà perdue. Les affrontements réels sous-jacents sont Israël – Iran/Hezbollah, Arabie Saoudite/Iran, Turquie/Kurdes, Occident/Islam radical.

Les investisseurs recommencent donc à se faire du souci, ce qui me parait beaucoup plus « normal ». Cependant il semblerait que le marché soit entré dans une phase baissière, le « haut de cycle économique » serait derrière nous. L’indice le plus flagrant est sans doute l’exigence des marchés lors des publications, presque systématiquement vendues. Des résultats conformes donnent lieu à des -5%, -10% parfois… Il faut une excellente surprise pour obtenir une hausse!

Dans ce contexte, il m’a fallu batailler ferme pour garder une performance positive sur le trimestre. Celle-ci atteint +3,2%, comparé à un CAC40 en baisse de 2,6%. La différence est de 5,7% ce qui me satisfait pleinement au regard des difficultés rencontrées.

Performance par valeur


Quelques commentaires sur les valeurs

  • ALADO2 signe la plus grosse contribution du portefeuille pour ce T1. Le titre a fortement progressé en Janvier, tiré par d’excellentes publications. J’ai ensuite pu la vendre avant qu’elle ne soit affectée par la déroute générale du marché. Je pourrais revenir sur la valeur à un niveau de 1€.
  • Après un pic de spéculation excessif, je suis rentré à un bon niveau sur GUILLEMOT CORP., pour la 1ère fois au portefeuille. Déjà revendue, mais le seuil des 4€ me semble être un bon point d’entrée actuellement. Prudence car la période n’est pas propice aux petites capitalisations.
  • Je me suis laissé aller à la vague « Blockchain » en prenant une position sur ATARI, mais en concrétisant rapidement ma plus-value sur ce titre ultra-spéculatif.
  • Contribution positive de PRODWARE qui est résolument difficile à trader. Le T4 a été très décevant, et les achat/vente successifs du dirigeant n’aide pas à la visibilité, et inspire beaucoup de méfiance. Cela explique la faible valorisation au regard des résultats (PER 2017 de 8,1 seulement, très faible pour une société informatique).
  • CAFOM a fait son entrée au portefeuille. Suite à l’introduction en bourse de sa filiale vente-unique (100M€ de capitalisation), le titre parait complètement décotée. Le manque de liquidité sur cette valeur semble être la cause. La stratégie du groupe, qui a optimisé ses chaînes logistiques, est prometteuse et pourrait améliorer la rentabilité de la filiale Habitat.
  • La performance de CBO TERRITORIA est pour l’instant très décevante. La société immobilière est en croissance, valorisée seulement 8 fois son bénéfice 2017. De plus, le dividende versé en Juin apporte un rendement de 5,3%, ce qui rend le dossier quasiment sans risque.
  • J’ai découvert la société CAMPINE, qui est ignorée à peu prêt de tout le monde. Son activité est très similaire à celle de (recyclage de matériaux) et profite de l’augmentation du prix des matières premières. Sa situation économique est très favorable : CA et marges en hausse, endettement maîtrisé (gearing à 30%). La valeur est donnée : PER 2017 de seulement 5,8 et dividende de 6% ! On en trouve pas tous les jours des comme cela 🙂
  • SAPMER a légèrement baissé sur le trimestre malgré un bénéfice net record. Encore une valeur délaissée des investisseurs, mais que je garde au chaud dans le portefeuille. Cette société possède une réelle stratégie de développement et me semble promise à un bel avenir.
  • INNELEC MULTIMEDIA a été un dossier compliqué. Le T3 était attendu en hausse après la période de Noël. J’ai pris en partie une plus-value juste avant la publication, qui s’est avérée assez décevante : décroissance de 4% du CA, justifiée par un arrêt d’activités peu rentables. La sanction a été immédiate, renforcée par l’annonce d’une seconde augmentation de capital. J’espère maintenant une forte hausse de la rentabilité, ce qui devrait relancer le titre en toute logique (mais le marché n’est guère logique en ce moment).
  • J’ai fini par faire un croix sur , aux alentours de 34€. Le titre a continué à décrocher, attaqué de toute part par la concurrence et des perspectives jugées trop timides. Pourtant je crois en la qualité de cette société et pourrait revenir sur le dossier.
  • MOULINVEST se paye vraiment peu chère, et après une tentative, n’a pas réussi à dépasser les 7€, avant de franchement consolider. Il faudra encore un peu de patience…
  • IT LINK m’a occasionné une déconvenue comme j’en ai rarement connu. Je suis cette valeur depuis 2015, et j’étais de nouveau rentré fin décembre, pensant profiter d’une baisse à première vue injustifiée, liée à la vente d’un dirigeant. Le trimestre suivant s’inscrivait en baisse, après 15 trimestres de hausse consécutifs! Les résultats du S2 annoncés quelques semaines plus tard étaient également désastreux, en perte pour la 1ère fois depuis le S2 2012… Aucun « profit warning » n’a été émis par la société comme il est d’usage, la vente du dirigeant pourrait être qualifié de délit d’initié mais je ne suis pas spécialiste de la question.

 

 

Des temps difficiles pour les Small-Caps

Depuis quelques semaines, un nouvel équilibre est en train de se mettre en place sur les marchés, comme je l’évoquais dans mon précédent article. La montée de plusieurs risques (voir introduction), rend les investisseurs nerveux et les fonds sont rentrés en mode « Risk-Off ». En d’autres termes, les actifs jugés risqués sont délaissés (small-caps, sociétés endettées), tandis que d’autres sont achetés (certaines large-caps, bons du trésor, or, etc…). Lorsque les fonds vendent les small-caps de leur portefeuille, le manque de liquidité fait chuter brutalement les cours, ce qui explique le retard de l’indice CAC Small actuel. Le 5 Avril, le CAC40 a réalisé une hausse miraculeuse de +2,62%, contre seulement +1,01% pour l’indice des petites capitalisations.

Le portefeuille étant très investi sur les Small Caps, ce retard se constate pour le T2 2018 qui vient de débuter. Je vais donc devoir faire avec ce nouvel environnement pour les prochains mois si je veux faire une performance supérieure au CAC40.

Cependant, lors d’une reprise haussière, il faut se rappeler que les Small-Caps vont fortement surperformer l’indice CAC40, par la même dynamique (le manque de liquidités). Il n’est donc pas forcément judicieux de brader ses titres, mais plutôt de garder les plus solides pour des temps meilleurs. Ceux distribuant un dividende sont à privilégier car le rendement offre un socle qui empêche une baisse trop importante (plus le cours baisse, plus le rendement augmente). Enfin, les risques macro-économiques actuels m’imposent de garder une liquidité assez élevée. Un trimestre passionnant et « challenging », mais je relève le défi 🙂 C’est dans l’adversité que l’on apprend le plus.

 

 





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Au 28/03/2024, parmi les sociétés citées dans cet article, l'auteur est actionnaire des sociétés suivantes : CBO TERRITORIA, CAMPINE,